Construction éphémère, ce torse est composé de cent quarante quatre petites surfaces rectangulaires sculptées en ondulations.
Cette idée de sculpture a été longue à réaliser mais pleine d’enseignements. Méthodique, j’ai été confronté à penser la mécanisation de mon geste avec l’outil électrique, et à aller au-delà de l’automatisation en me libérant dans une improvisation répétée.
J’obtins ainsi un ensemble homogène composé d’éléments variés. Je pris également conscience, par cette expérience, du danger de l’automatisation comme le dénonçait déjà Charlie Chaplin dans « Les Temps Modernes ». Mais heureusement, dans le cas de ma création, chaque empreinte de disque usant la matière est dirigée dans le plaisir d’une spontanéité renouvelée. Au fur et à mesure, cette réalisation m’a également intéressé par la numérologique des 144 éléments composant le torse sur une trame de douze par douze. L’analyse numérologique de ces chiffres m’intrigue et notamment par des approches d’application de la preuve par neuf, et aussi par d’autres jeux d’additions et de soustractions. Je me sens encore bien novice dans ce domaine, mais j’y perçois des secrets magiques !
Pour conclure, j’ai imaginé en réponse à ce monde des chiffres, l’univers des mots. Chacun de ces éléments devient alors le messager d’une pensée, d’une image poétique. J’aime penser que chacun d’entre eux sera dispersé mais fera toujours partie de l’ensemble initial ; la photo restera le souvenir.
Benoît Luyckx